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Une chenille foreuse du yucca émergente en France

Dépérissement de yucca dû à Batrachedra enormis.PHOTO : ÉRIC CHAPIN, COSAVE

L'identification d'un nouveau lépidoptère ravageur de yucca incite à la vigilance sur ce genre.

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En août 2016, les chenilles d'une nouvelle espèce de lépidoptères de la famille des Batrachedridae avaient été détectées sur des yuccas dans un jardin de particulier situé dans le Var. La plante présentait d'importants écoulements de gomme, ainsi que des galeries larvaires creusées à la base des feuilles. L'identification morphologique réalisée par le laboratoire d'entomologie de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail-Laboratoire de la santé des végétaux (Anses-LSV) sur l'appareil reproducteur des petits papillons mâles issus d'élevage (28 mm d'envergure) en milieu confiné avait permis de confirmer qu'il s'agissait bien d'un parasite émergent en France nommé Batrachedra enormis, dont c'était la première identification officielle en Europe.

1. NON CLASSÉ. Cet organisme nuisible n'a pas de statut réglementaire. Il n'est pas non plus inscrit sur la liste d'alerte de l'Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP). D'origine américaine, il vit au Mexique et dans le sud des États-Unis, où sa période de vol s'étend d'avril à octobre selon les zones pédoclimatiques. Selon toute vraisemblance, cet insecte ne serait pas un ravageur des yuccas dans son aire d'origine. Les symptômes causés par les larves observées en France sont l'excrétion de gomme à la base de la plante hôte et sur les jeunes feuilles. Cette gomme, translucide et blanche lorsqu'elle est fraîche, devient marron en vieillissant. En l'ôtant des tissus, on observe des orifices de 3 mm de diamètre environ qui correspondent aux trous de sortie des chenilles foreuses.

2. PREMIÈRE DÉTECTION EN 2011. Un autre spécimen de la famille des Batrachedridae avait déjà été détecté au cours de l'été 2011 sur un lot de yuccas. Le prélèvement d'échantillon réalisé par la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt-Service régional de l'alimentation (Draaf-Sral) avait été réalisé dans une autre commune varoise, mais l'identification spécifique n'avait pas pu aboutir, faute de données descriptives suffisamment précises. En 2016, l'évolution des techniques d'identification a permis de confirmer qu'il s'agissait déjà de cet insecte. La larve et la nymphe n'avaient jamais été décrites avant 2016 et la biologie de l'insecte reste inconnue, tout comme ses capacités d'adaptation à un nouvel environnement.

3. SURVEILLANCE VISUELLE RÉGULIÈRE. Ce parasite émergent est susceptible de se manifester à nouveau. Le vol du papillon s'étale jusqu'au mois d'octobre et les dégâts larvaires seront sans doute encore visibles à cette période. La vigilance est nécessaire : il faut assurer une surveillance visuelle régulière des yuccas, notamment dans les régions méditerranéennes. En cas de suspicion prendre contact avec la Draaf-Sral ou la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon) de votre région.

Jérôme Jullien

Chenille d'une nouvelle espèce de lépidoptères, la foreuse du yucca a été identifiée dans le Var en août 2016.

PHOTO : ÉRIC CHAPIN, COSAVE

La larve de Batrachedra enormis provoque l'excrétion de gomme à la base de la plante hôte.

PHOTO : ÉRIC CHAPIN, COSAVE

Adulte de Batrachedra enormis.

PHOTO : CHRIS MALLORY

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